Terre de Normandie : le progrès environnemental sur la durée | Agri-Culture

Miser sur l’amélioration continue

Terre de Normandie ?

Cette association (d’abord baptisée Terre d’Avenir) réunit des agriculteurs normands engagés dans une démarche d’amélioration continue en faveur de la protection de l’environnement, selon la norme Iso 14001.

A partir d’un état des lieux initial, chacun s’engage à faire évoluer significativement ses pratiques ou ses installations, afin de diminuer son empreinte sur l’environnement au sens large : l’eau, l’air, le sol… et les hommes.

« On vous prend comme vous êtes. Par contre vous vous engagez à progresser tous les ans. Ca laisse la liberté à tous de prétendre à cette ascension », explique Laurent Haye, le président de Terre de Normandie.

« Le principal point fort de la démarche c’est le travail en collectif. On échange, on se donne des astuces, et on s’appuie sur une méthode de travail. On sait où on doit aller », raconte Joël Faict (Fresnay-le-Long), président fondateur de l’association. « En dix ans, on ne se rend pas compte qu’on a complètement changé nos manières de faire. On aurait tout pris d’un seul bloc, on n’y serait pas arrivé. »

© B.Delabre

Deg. A dr : Vincent Delochre (Cer France Seine Normandie), Sébastien Pimont (Crédit Agricole), Laurent Haye (Terre de Normandie) et Nathalie Thierry (Conseillère régionale) lors d’une table ronde sur la démarche Terre de Normandie.

Consommation de fuel : -72 % en 5 ans

Et en 10 ans, du chemin a été parcouru. Au niveau réglementaire d’abord, avec un taux de conformité à la loi qui est passé de 70 % en 2008 à 99 % en 2017 dans les exploitations. Quand, en parallèle, le nombre de textes et normes était plus que doublé…

Grâce à l’effet de groupe et au cadre donné par la norme Iso 14001, les membres de l’association ont tous pu apporter de la sérénité dans la gestion de leur exploitation. « Se sentir serein à l’approche d’un contrôle, ça n’a pas de prix » explique Philippe Dilard, agriculteur à Cressy (76).

Parmi les évolutions les plus significatives enregistrées en 10 ans, figure aussi la consommation de fuel sur les exploitations.

Estimée à plus de 309 litres / ha / an en 2012, elle est aujourd’hui tombée à 87 litres ! Une baisse vertigineuse de 72 % en 5 ans, résultat, notamment, de conduites culturales plus simples, alliant protection des sols et technologie de guidage.

Un symbole des lignes de conduite suivies par les membres de l’association qui veulent allier progrès environnemental, progrès économique et progrès social. « On avance dans le positif », résume Emmanuel Palfray, agriculteur à Gonfreville-l’Orcher.

En suivant et même en anticipant les évolutions réglementaires et les attentes de leur clientèle, les membres de Terre de Normandie se donnent aussi les moyens de prendre de la hauteur. Ils tendent à un peu moins s’exposer à la volatilité des prix mondiaux, aux à-coups climatiques ou à la fièvre législative…

Une filière Agri-Ethique à l’étude

Mais alors la reconnaissance ?

Car Terre de Normandie aimerait aussi aujourd’hui faire connaître les pratiques et les efforts de ses agriculteurs. « On ne parle que du bio, mais nous représentons une surface agricole bien plus importante », note Laurent Haye.

Et certains suggèrent même du bout des lèvres, de rechercher une plus-value financière… Un projet de filière est en cours de construction, en lien avec la coopérative Cap Seine. Il se calque sur la démarche Agri-Ethique mise en place par une autre coopérative, vendéenne, la Cavac.

L’idée est d’apporter un petit supplément de prix au blé produit par des agriculteurs certifiés Iso 14001… Mais il faut pour cela construire avec les meuniers et les boulangers.