Semaine 26 – Des averses tant attendues. Avec un hiver et un printemps très secs, les stocks en eau du sol sont faibles, de 50 à 60% moins importants qu’en année « normale ». La pousse de l’herbe de cette saison 2017 est donc fortement impactée. Les pluies providentielles arrivent enfin et les averses de cette semaine relancent la pousse de l’herbe qui remonte timidement à 32 kg MS/ha/jour en moyenne cette semaine.
On observe des disparités importantes entre les zones sèches de la région à 17 kg MS/ha/jour et les plus humides à 51 kg MS/ha/jour, en fonction de la quantité d’eau qu’ont apporté les averses. Les exploitations où la croissance est la plus basse (jusqu’à 7 kg MS/ha/jour) expliquent cette faible pousse par :
- Des sols séchants avec des hauteurs d’herbe en entrée de parcelle faibles : de 8 cm en moyenne.
- Une augmentation trop tardive de la quantité de fourrages à l’auge depuis les 3 semaines de sec qui a amputé le stock d’herbe sur pied, à cause du surpâturage.
- Des parcelles débrayées pour la fauche où la pousse n’a pas repris qui n’ont pas encore été réincorporées au circuit de pâturage.
Economiser du stock d’herbe sur pied
Pourquoi ?
Le pâturage trop ras épuise les plantes et arrache les talles. Les économies de stock à court terme permis par le surpâturage seront plus faibles que ce que la prairie offrira si on la préserve.
Comment ?
Les deux leviers pour ajuster les temps de repousse sont la durée de présence des animaux dans les paddocks et l’ingestion des autres fourrages.
Pour garder des temps de repousse importants sans surpâturage, il y a 2 solutions :
- Rediviser les parcelles de pâturage en 2 pour doubler les temps de repousse, ce qui évite la dégradation du couvert.
- Choisir des parcelles à « sacrifier » pour contenir les animaux et préserver la majorité du circuit de pâturage : les plus dégradées, en baisse de production, celles à régénérer et/ou qui reviendront en cultures la saison prochaine.
Prévoir les rénovations
L’idéal pour rénover une prairie est de l’incorporer dans une rotation. La mise en culture permet d’éliminer tous les résidus de racines des espèces prairiales indésirables, notamment les agrostis. De plus, une prairie dans la rotation permet de réduire la pression maladies/adventices sur les cultures et d’augmenter la fertilité du sol.
Si ce n’est pas possible, une culture intermédiaire permet de revenir en prairie dès le printemps prochain, période de semis idéale pour l’implantation des légumineuses.
Bien composer sa prairie est essentiel pour répondre à des exigences de valeurs alimentaires, de productivité et de pérennité. Ce choix mérite de prendre du temps pour réfléchir au meilleur assemblage d’espèces et de variétés qui répondra à vos attentes. Cet investissement est d’autant plus important que la prairie sera en place pour plusieurs années. Si vous souhaitez implanter une prairie riche en légumineuses, soyez prêt à semer mi- août, dès qu’une fenêtre météo le permet. Pour vous aider dans la composition de vos mélanges prairiaux, n’hésitez pas à consulter la fiche technique « Quelle prairie semer en Normandie ? », disponible sur les sites des chambres d’agriculture de la région.
Prévoir ses dérobées pour s’assurer du stock
L’implantation de cultures fourragères intermédiaires est un moyen de s’assurer des stocks supplémentaires pour l’automne ou la fin de l’hiver. Pour choisir la dérobée adaptée, il faut d’abord préciser ses objectifs et les conditions d’implantation: date de semis, récolte avant et/ou après l’hiver, pâturage ou ensilage, valeur alimentaire attendue ?
Associez au minimum deux espèces pour ne « pas mettre tous vos œufs dans le même panier », et bénéficier de leur complémentarité agronomique et alimentaire.
Même si les semis de mélanges céréales/protéagineux sont encore loin, commandez vos semences dès maintenant pour pouvoir choisir vos espèces et variétés et trouver les meilleurs prix.
Atouts | Limites | Exploitation | |
RGI | Peut être semé tôt (après céréales) avec une récolte avant l’hiver ou tard (après maïs) avec une récolte au printemps. Facile d’implantation et peu coûteux. |
Gourmand en eau. A détruire tôt pour ne pas pénaliser la culture suivante. Difficile à détruire sans labour. |
Pâturage, affouragement, ensilage ou enrubannage. |
Trèfle incarnat |
Peu météorisant, riche en protéines. |
Semer tôt pour qu’il s’implante bien (juillet). | Pâturage (en mélange avec une graminée), affouragement, ensilage ou enrubannage. |
Colza fourrager |
Intéressant dans la rotation si pas de colza. |
Météorisant (le limiter à 3/4 kg / jour) et riche en eau. | Pâturage, affouragement. |
Mélange de céréales / protéagineux | Semis tardif (après maïs). Riche en protéines. Améliore la structure du sol. |
Semence coûteuses. |
Ensilage ou enrubannage (si MS suffisante). |
Témoignage : Une saison d’herbe chaotique pour les Charolaises des Aspres dans l’Orne
« Cette première année comme site d’observatoire pousse d’herbe nous a permis de prendre conscience de la difficulté de prendre les bonnes décisions dans la gestion de nos pâtures.
Comme chez beaucoup, la croissance de l’herbe a été importante dès le début d’avril, et nous avons fait la première erreur de sortir les animaux trop tard. Nous avons donc décidé de faucher les 2 tiers de la surface du bloc de pâturage afin d’aider les vaches. Choix difficile à vivre, car la fauche a été suivie de la période froide de fin avril avec un niveau de pousse de 11 kg du 21 au 28 avril.
Le retour de la chaleur et des pluies de la mi-mai ont permis un réel démarrage de la pousse avec une moyenne proche de 100 kg du 10 mai au 2 juin. Seconde erreur, suite à cette période du boum de la croissance : préférer le pâturage à la fauche d’une parcelle avec une hauteur entrée à 15 cm. L’herbe a été en partie piétinée, et sans doute perdue pour une bonne part. Malgré cette erreur, nous avons pu faucher la parcelle la plus productive du bloc de pâturage vers le 20 juin en espérant le retour des pluies. Ces dernières sont arrivées avec un peu plus de 10 mm relevés. Ceci nous permet ainsi de maintenir une petite quinzaine de jours d’avance d’herbe, et d’envisager l’affouragement au plus tôt d’ici 15 jours si les orages du 14 juillet ne sont pas au rendez-vous cette année. » SCEA Dollon (Les Aspres) – Thierry JEULIN (CA 61)
Source : Anticiper et faire du stock – Chambre d’agriculture de l’Eure