Suite à la journée de présentation à Tilloy les Mofflaines de la démarche par Friedrich WENZ ci dessous quelques éléments de prise de note.

Cette démarche est en cours de construction dans le nord de la France avec une nouvelle session de formation en 2019. Les premiers formés de 2018 ont commencé à utiliser ces techniques avec plus ou moins de réussite avec l’été sec. Les contraintes logistiques (préparations, cuves, fraise) qu’elles imposent rendent la mise en oeuvre complexe sur des surfaces importantes. 

Des essais et des échanges locaux seront nécessaires pour capitaliser les expériences de cette approche terrain qui tend à concilier agriculture de conservation des sols, production biologique voire biodynamie.

L’approche agronomique développée par Friedrich Wenz et Dietmar Näser dépasse désormais les 5% de matières organiques et s’approche ainsi de l’auto-fertilité de leurs sols où, par le biais d’une vie du sol bien développée, les plantes se nourrissent essentiellement à partir d’éléments contenus dans le complexe argilo-humique du sol.

Ils arrivent donc à réduire considérablement, voire éliminer totalement l’apport d’engrais, la fertilisation étant assurée par la photosynthèse, l’assimilation de l’azote atmosphérique par les micro-organismes du sol, les engrais verts et les sous-semis. En même temps, la capacité de stockage de l’eau et donc la résistance des cultures face à la sécheresse se trouvent améliorées. Aussi, grâce à un taux de matières organiques plus élevé,une microbiologie mieux développée et un meilleur équilibre bactéries/champignons, les problèmes d’adventices, de maladies et de ravageurs se gèrent beaucoup plus facilement.

Objectifs de la méthode :

  • Produire des substances humiques dans le sol
  • Viser l’autonomie et l’indépendance des systèmes agricoles

Gains :

Eau, nutriments, stockage, limite les maladies, cultures résistantes car en bonne santé, conditions pour limiter les adventices, production de qualité

Principales techniques utilisées :

  • Compostage de surface
  • Biodynamie
  • Thé de compost
  • Équilibre des éléments (méthode Albrecht)
  • Intercultures
  • Sous semis

Grandes étapes de la démarche :

1.Mise en état de la chimie du sol et des équilibres des matières fertilisantes

  • Analyse chimique du sol pour la mise en état de son équilibre nutritionnel : l’objectif est d’améliorer la fertilité et la qualité des végétaux en vérifiant les équilibres chimiques des éléments du sol.
  • Ces déséquilibres peuvent engendrer des risques de maladies ou de ravageurs.
  • Vérifier sur les analyses physico chimiques, les équilibres chimiques des différents éléments du sol entre eux selon la méthode de William A. Albrecht
  • Les éléments en carence ou en excès doivent être corrigés dans la mesure du possible.

2.Garder le sol couvert (engrais vert et couverts)

L’objectif est d’approvisionner la vie du sol en continu sur l’année par des couverts, mulch, des sous semis ou des cultures associées.

  • Cette alimentation passe par les exsudats racinaires (« carbone liquide » très riches en glucide) et des intercultures compostées au sol et compostées en surface pour en limiter la minéralisation.
  • Les intercultures doivent couvrir une diversité des familles et d’espèces : crucifères graminées légumineuses ( chaque famille soutient un segment de la vie du sol)
  • Les couverts doivent être jeunes car ils fournissent une importante production de glucides pour nourrir le sol contrairement aux plantes plus matures. Sur des intercultures longues, travailler avec des couverts jeunes peut donc nécessiter 2 couverts enchaînés.
  • Dans des climats froids ou plus secs, il existe aussi la possibilité de sous semis (semis en même temps que culture principale non détruit et laissé à la récolte qui se développe et sert d’interculture)
  • La destruction des couverts doit intervenir proche de la date de semis/plantation en utilisant la méthode de compostage de surface (ex 2 sem avant)

3.Compostage de surface

Objectif : fixer les nutriments du couvert dans la matrice humique du sol

La méthode de compostage de surface consiste en la destruction des couverts végétaux et leur incorporation superficielle avec l’emploi de ferments lactiques pour favoriser une bonne décomposition et un bon recyclage de la matière organique

Les gros couverts sont complexes à dégrader et incorporer dans le sol (protéines incompatibles) ; pour en accélérer la destruction il faut hacher la matière et la mélanger superficiellement avec le sol pour avoir une surface échange importante en aérobie. Ce travail permet de limiter la minéralisation du couvert et de créer une structure de surface intéressante pour la culture suivante.
Le compostage de surface intervient en 7 à 10 jours
L’outil à privilégier pour l’incorporation avec le sol est une fraise avec terrage précis de 3 à 5 cm (sur roues), le bouclier ouvert pour jeter en l’air la terre et les résidus. Ce mulch de surface doit être aéré et en aucun cas roulé ou tassé. Pour limiter les risques de lissage, les couteaux du rotor doivent avoir un angle d’environ 85 a 90° et tourner à 340 tours min.

Il est aussi possible de broyer puis mélanger avec un peu de terre le couvert avec d’autres outils en faisant un travail superficiel : charrue déchaumeuse, déchaumeur, scalpage pattes d’oie ou bêche roulante… Dans ces cas il est aussi possible de créer un lit de semence ne nécessitant pas de semoir de semis direct.

Pour accélérer le compostage, des ferments doivent être préparés et apportés sur le couvert.

4 Stimuler et diriger le métabolisme du sol – ferments

Objectif : accélérer la compostage du couvert par l’utilisation de ferments

Les ferments sont des concentrations autoproduites de micro-organismes apportés sur le couvert. Ils sont fais à partir d’une collecte de plantes sur l’exploitation, incubées dans du sucre (mélasse) et diluées sur le couvert. Le pH du fermant est inférieur à 3,8 il a un potentiel rédox important.

Lors des formations proposées par Ecodyn, un module est dédié à la préparation du ferment.

Lorsque le ferment est apporté sur le couvert, il permet de passer les sucres présents en acide lactique puis en d’autres substances stables (protéines..) et limite la minéralisation.
Ex : Couvert de 6 t de MS (20 % de la masse fraîche) Sève – taux de sucre 10 à 12 % = 1500 à 2500 kg /ha de sucre.

5 – Fonctionnement optimal des plantes avec pulvérisations foliaires – thé de compost

Objectif : utiliser des pulvérisations foliaires de thé de compost oxygéné pour améliorer la santé des plantes

Les thés de compost sont des infusions de compost dans de l’eau avec de la mélasse. Ils sont préparés sur place après 24 à 48 h d’oxygénation (vortex) pour récupérer les micro organismes présents dans le compost et les multiplier. Il est possible d’ajouter des activateurs type algues, acides humiques autres que la mélasse suivant le type de micro-organisme que l’on souhaite multiplier (champignons ou bactéries).

Ces mesures favorisent le bon développement des plantes et du sol et permettent non seulement d’améliorer la photosynthèse et de rendre les plantes plus résistantes face au stress, aux maladies et aux agresseurs, mais encore d’améliorer les rendements et la qualité des produits.

L’efficacité d’une application foliaire peut être mesurée en bout de champ à l’aide d’un réfractomètre, test éventuellement complété par d’autres analyses de sève ou de sol tels que le pH, la conductivité, l’azote et la potasse. Des bouillies pulvérisées le matin peuvent avoir un effet l’après-midi sur le taux de sucre des plantes.

En savoir plus : http://vernoux.org/agronomie/est-ce_que_notre_agriculture_fait_la_vie_belle_aux_adventices_et_aux_ravageurs.pdf

La formation 2019 :http://vernoux.org/agriculture_regenerative/Formation_2019