L’introduction de nouvelles espèces dans des écosystèmes du monde entier s’est accélérée au cours des trente dernières années et aucun phénomène de ralentissement n’est perceptible, selon des travaux publiés mercredi dans Nature communications.
Après leur arrivée, les organismes (plantes, algues, insectes, champignons, animaux, etc.) peuvent « déstabiliser profondément les écosystèmes qu’ils conquièrent » et avoir « des conséquences économiques majeures », souligne l’étude qui a réuni 45 chercheurs de 18 pays.
C’est le cas par exemple avec le bombyx disparate, un papillon introduit depuis la France en Amérique du Nord, où il est devenu l’un des principaux ravageurs des forêts. L’arrivée du frelon asiatique en Europe a aussi mis sous pression les colonies d’abeilles, déjà fragilisées par d’autres facteurs (perte d’habitats, pesticides, autres parasites). Le développement de l’ambroisie, qui est un puissant allergène, est aussi un fléau pour la santé publique dans les régions en Europe où elle est désormais présente.
En reconstituant les différentes introductions d’espèces au cours des 200 derniers années, les chercheurs ont recensé que plus de 16.000 espèces s’étaient implantées hors de leur milieu d’origine. Ils ont pu établir que « 36 % des translocations observées d’organismes vivants avaient eu lieu au cours des 30 dernières années ». Cette intensification des échanges d’espèces est vrai pour tous les groupes, à l’exception des mammifères et des poissons, notent les scientifiques. « La prise de conscience globale sur les dangers d’espèces invasives n’a donc pas permis pour l’instant de mettre en place une lutte efficace », ajoutent-ils.
Une exception est toutefois relevée : la Nouvelle-Zélande a adoptée une régulation stricte en 1993 et a réussi à réduire « presque à néant l’arrivée de nouvelles espèces végétales, et dans une moindre mesure, animales ». Les introductions sont soit délibérées, comme pour les plantes d’intérêt agricoles, soit involontaires, comme pour les animaux qui ont voyagé dans des soutes de bateaux ou des poissons qui ont traversé le canal de Suez, précise l’étude.
Depuis la seconde moitié du XXe siècle et au début du XXIe, les introductions de nouveaux organismes sont « majoritairement accidentelles » et suivent les routes du commerce mondial. Ainsi, « un grand nombre d’espèces introduites ces dernières années sont originaires de Chine », relève l’étude. Au cours du 19e siècle, ce sont les échanges entre l’Europe et l’Amérique qui étaient à l’origine d’une grande partie des introductions de nouvelles espèces.
Source : Accélération de l’introduction de nouvelles espèces dans des écosystèmes