Les 1.647 distributeurs de produits phytosanitaires recensés en France peuvent à partir de samedi commencer à accumuler des « Certificats d’économie de produits phytosanitaires » (CEPP) dans le but de remplir l’objectif gouvernemental de réduction de 20 % du recours aux pesticides d’ici à 2021.
Aquelques jours d’une probable alternance politique, le ministre de l’agriculture Stephane Le Foll a publié samedi un décret au Journal Officiel permettant la mise en place de ce dispositif expérimental et incitatif unique, auquel il est très attaché. L’objectif final est de réduire l’utilisation des pesticides en France, pays qui en est l’un des plus gros consommateurs en Europe.
Les coopératives agricoles, jardineries et vendeurs privés d’intrants utilisés pour la culture doivent accumuler des certificats CEPP prouvant qu’ils ont mené des actions en ce sens auprès de leur clientèle, les agriculteurs, pour que ceux-ci réduisent leur consommation de produits chimiques. Les distributeurs obtiennent des certificats pour chaque action menée visant à réduire l’utilisation des produits phytos, que ce soit la vente de matériels agricoles de précision qui réduisent la dispersion en dehors de la cible du produit phytosanitaire ou l’emploi de phéromones (produits de biocontrôle) pour perturber la reproduction des insectes parasitoïdes de la pyrale du maïs par exemple, informe le ministère de l’agriculture. Autres exemples possibles : l’utilisation de variétés de semences résistantes à certaines maladies, le recours à des pratiques culturales alternatives telles que l’association de plantes de précocité différentes pour lutter contre certaines maladies de plantes.
Au total, 20 actions ont été validées avec le concours des chercheurs de l’Inra, 5 vont l’être dans les jours prochains et 60 sont en cours de validation scientifique. Les coopératives doivent s’enregistrer sur le site https://alim.agriculture.gouv.fr/cepp/#/ où elles pourront déclarer leurs actions et valider leurs certificats CEPP. Elles s’engagent à tenir à disposition des preuves de leurs actions en cas de contrôle. Si les objectifs qui leur sont fixés individuellement ne sont pas remplis en 2021, des sanctions financières sont prévues. Avant 2021, il n’y aura pas de sanction, la période devant être utilisée comme « rampe de lancement », indique-t-on au ministère.
Au total le gouvernement a fixé l’objectif national de 17,65 millions de CEPP qui doivent être obtenus d’ici 2021, dont la moitié par les 50 plus gros distributeurs. Le principe des CEPP a été inscrit dans la loi d’avenir de l’agriculture votée en octobre 2014. Il avait été repoussé initialement par le Conseil d’Etat, puis relancé dans la loi Potier votée en février 2017.
Entre 2014 et 2015, les ventes de pesticides ont reculé en France pour la première fois depuis le lancement du plan Ecophyto en 2008 par le gouvernement Sarkozy afin de réduire l’utilisation des phytosanitaires.