La Boissière-Ecole, jeudi 9 novembre. Dominique Tristant, président de l’association Terre des Yvelines, est aussi directeur de la ferme expérimentale de Grignon qui a adopté la norme ISO 14 001. 

Regroupés au sein d’une association, une douzaine d’exploitants du département ont adopté une norme pointue de certification environnementale.

Ils sont paysans mais se veulent avant tout éco-responsables. Regroupés au sein de l’association Terre des Yvelines, une douzaine d’exploitants agricoles du département ont choisi d’adopter la certification environnementale ISO 14 001 (voir encadré). Ils ont participé la semaine dernière à La Boissère-Ecole à une manifestation au cours de laquelle un diplôme leur a été remis. « Choisir la certification, c’est d’abord faire un diagnostic de son exploitation, se mettre au carré sur le plan des normes et se comparer aux autres pour se donner des conseils. Le but, c’est de miser sur l’amélioration continue de nos exploitations et d’adopter naturellement une démarche agro-écologique », souligne Dominique Tristant, président de Terre des Yvelines.

 

Le mot : ISO 14 001ISO 14 001 est une norme environnementale que peut demander toute entreprise ou organisme souhaitant mettre en œuvre un système qui respecte l’environnement. Elle se déroule sur trois ans et s’appuie sur la recherche d’une amélioration continue. Elle démarre par un audit des procédés existants (2 à 4 jours) puis des suivis réguliers de l’activité sur deux ans. Ceux-ci sont obligatoirement réalisés par un organisme certificateur agréé qui va vérifier des éléments tels que l’étanchéité des stockages, la présence d’aires de lavages, le tri des déchets ou l’utilisation de produits chimiques. Le coût de l’audit est d’environ 2 500 €, à la charge du demandeur. Le bénéfice porte notamment sur l’économie d’énergie, l’amélioration de l’image et, dans l’agriculture, sur une moindre consommation de pesticides.

Directeur de la ferme expérimentale de Grignon, ce dernier a suivi lui aussi le cursus de l’ISO 14 001 dans son exploitation de 400 ha avec 25 salariés, 200 vaches et 600 brebis. « On a réussi, en quelques années, à doubler notre production de lait tout en économisant 40 % sur la facture d’énergie et en réduisant notre empreinte de 20 % sur les gaz à effets de serre », indique-t-il. Pour ce faire, la ferme a notamment mis en place un méthaniseur mais aussi un astucieux système technologique de récupération de la chaleur naturelle du lait des bêtes pour réchauffer l’eau de l’exploitation. Dans les Yvelines, ce ne sont pas que les « gros » exploitants qui agissent. « Nous avons aussi des entreprises plus petites qui sont avec nous pour entrer dans des logiques de progrès et d’amélioration de l’image de l’agriculture locale », ajoute Dominique Tristant.

La norme 14 001 a su se faire sa place dans le monde agricole. « Sur un peu plus de 6 000 entreprises qui l’ont adoptée en France, 1 000 proviennent de l’agriculture. Certaines régions, comme le Bordelais pour son vignoble, l’ont compris et cherchent à construire une économie durable avec l’environnement au cœur de leurs préoccupations », estime Alexandre Tolub de Perig, l’organisme qui a mis en place la norme ISO 14 001 en agriculture.

 

Beynes : son huile de colza fait le bonheur des entreprises du bâtiment

Beynes, vendredi 10 novembre. L’huile de colza pressée à froid par Christian Hubert fait le bonheur des entreprises de BTP qui l’utilisent pour retirer les coffrages en béton et chauffer les immeubles.LP/L.M.

Il a trouvé un débouché original pour son huile de colza. Céréalier à Beynes, Christian Hubert est identifié comme producteur de « L’Huilerie de la Plaine de Versailles ». Il faut dire que l’activité de cet agriculteur (trois salariés, 150 ha) tourne pour les trois quarts autour du pressage des graines de colza. De cette matière première, il tire, chaque année, 1 400 t de tourteaux de soja et 600 d’huile pressée à froid. Son exploitation est la seule de l’ouest parisien à produire des tourteaux gras (très recherchés pour nourrir les bêtes) et cette fameuse huile qui fait le bonheur des grandes entreprises du BTP.

« Bouygues immobilier l’a notamment utilisé lorsqu’ils ont construit le siège d’une grande entreprise à Meudon (Hauts-de-Seine). Mon huile leur a servi à démouler leurs coffrages en béton mais elle a aussi été utilisée dans un moteur pour produit de l’électricité et de la chaleur en hiver en complément de panneaux solaires. L’huile de colza présente beaucoup d’intérêts car elle est moins dangereuse que l’huile de pétrole qu’ils utilisaient auparavant. Cette méthode est tellement rentable qu’ils construisent partout à la Défense et à Paris sur ce modèle », confie-t-il.

Mais Christian est aussi un agriculteur vertueux sur sa production de tourteaux. « Je n’utilise aucun produit chimique et j’ai basculé en agriculture de conservation des sols. C’est-à-dire que je n’utilise plus de charrue afin de ne pas tuer de vers de terre. Je plante aussi des leurres pour chasser les insectes et du compost », note cet adepte de l’agro-écologie qui s’apprête aussi à fournir ces déchets pour le futur méthaniseur du zoo de Thoiry.

La Boissière-Ecole : la ferme de la Tremblaye produit son électricité

La Boissière-École. Henri Cazajus, directeur de la Ferme de la Tremblaye, devant le méthaniseur qui la capacité de fournir de l’électricité à 600 maisons.LP/L.M.

Il fonctionne sans encombre depuis cinq ans. Le méthaniseur de la ferme de la Tremblaye à La Boissière-Ecole (150 ha) produit l’équivalent des besoins en électricité pour 600 maisons. Il assure aussi la production de l’eau chaude pour la fromagerie de la ferme qui réchauffe le lait nécessaire à la production des Camembert et autres Bleu de chèvres exportés à travers le monde.

Le principe de fonctionnement est celui de la panse d’un ruminant – la ferme élève 150 vaches ainsi que 600 chèvres. La technologie, d’origine allemande, se présente comme une usine de recyclage. Lisiers, fumier et lactoserum (petit lait) sont mélangés dans une cuve, ou digesteur, pouvant recueillir le méthane et le gaz carbonique se dégageant de leur fermentation. Ce biogaz est ensuite envoyé vers un moteur qui, en brûlant, génère de l’électricité et, par extension, de l’eau chaude. Le méthaniseur donne aussi 11 000 t de digestat (résidu) qui servent ensuite d’engrais pour les champs.

Le système a fait ses preuves, selon Henri Cazajus, directeur de la ferme. « On ne pourra sans doute plus, dans le futur, exploiter une ferme laitière sans un méthaniseur qui est très bon pour le respect des sols », commente ce dernier.

La ferme de la Tremblaye pratique aussi une culture raisonnée. Elle ne creuse plus la terre et la laisse s’enrichir avec les vers de terre. « Nous en avonc compté jusqu’à 50 par m2. Ils nous aident à fertiliser naturellement nos sols », précise encore Henri Cazajus.

Un café Science sur la méthanisation est organisé, mercredi 15 novembre de 18 heures à 20 heures, dans la Maison de la Plaine, 33 ter, rue des Petits-Prés à Feucherolles. Inscriptions au 01.34.59.33.31.

Source : Les agriculteurs des Yvelines s’engagent pour leurs terres… et pour la Terre – Le Parisien

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