A l’occasion du comité de suivi du plan Ecophyto, le gouvernement a présenté de nouvelles mesures pour réduire l’utilisation des pesticides en agriculture. Mais le bilan décevant du plan au cours des 10 dernières années fait craindre un nouvel échec.
Une version bonus pour donner une nouvelle impulsion
Une impulsion qui pourrait venir aussi du monde agricole. Quarante partenaires ont présenté, début juillet, le contrat de solutions déployables dès maintenant pour réduire l’utilisation des phytos. Lors du comité de suivi, deux interprofessions, qui font figure d’exception, ont présenté leurs objectifs : 45% de réduction en grandes cultures et oléoprotéagineux et 50% en viticulture d’ici trois ans.
36 solutions de la FDSEA :
Les ministres ont de leur côté présenté une version améliorée du plan : la version Ecophyto 2+. Un « plus » qui signifie l’introduction de mesures complémentaires à celles déjà engagées. Ces mesures « bonus » sont celles du plan d’actions sur les produits phytopharmaceutiques présenté le 25 avril dernier et du plan d’actions de sortie en trois ans du glyphosate présenté le 22 juin dernier.
A cela s’ajoute un fléchage des 71 millions d’euros dédié à Ecophyto chaque année. La priorité est donnée aux actions de recherche appliquée et de transfert de l’innovation ainsi que le déploiement des collectifs d’agriculteurs. Les outils du Grand plan d’investissement seront également mobilisés pour soutenir le développement et la mise sur le marché de nouvelles solutions technologiques en agroéquipement ou en biocontrôle.
« Quelques rares dérogations » pour les néonicotinoïdes
Les ministres en ont profité pour lister les actions lancées depuis la présentation des deux plans : saisie des inspections générales pour évaluer les dispositions réglementaires concernant les lieux accueillant des personnes vulnérables et la définition des points d’eau, saisie de l’Inserm et de l’Anses, constitution du comité de suivi glyphosate et préparation du centre de ressources sur les alternatives, etc.
Plusieurs annonces ponctuent leur communiqué de presse : les autorisations de mise sur le marché des produits contenant du glyphosate par l’Anses seront limitées à trois ans pour encourager la substitution. Les usages, pour lesquels des solutions alternatives non chimiques existent et sont couramment utilisées, seront progressivement interdits.
Pour ce qui est des néonicotinoides, seules « quelques rares » dérogations aux interdictions décidées sont « envisageables« . « Elles ne pourront concerner que des produits à base d’acétamipride pour de faibles volumes et feront l’objet d’une instruction approfondie quant à leurs impacts« , préviennent les ministères.
Des annonces suffisantes ?
Pour les associations qui suivent ce plan depuis ses débuts, la perplexité persiste. « Les contrats de solutions présentés par la FNSEA sont les bienvenus, mais ils arrivent avec 10 ans de retard… et il faudra plus que des bonnes intentions pour aller vers la sortie des pesticides« , juge FNE. « L‘actuelle ébauche de plan présentée aujourd’hui ne pourra pas permettre selon nous une évolution à la baisse significative de ces chiffres. En effet, pour notre association, ce nouveau plan manque d’une approche claire sur de nécessaires changements radicaux de systèmes agricoles« , estime Générations futures, qui entend faire de « nombreuses propositions d’amélioration » dans les prochaines semaines puisque le plan Ecophyto 2+ sera soumis à la consultation publique à l’automne prochain et publié avant fin 2018.