Faire changer d’échelle l’agro-écologie, en construisant un modèle agricole reposant sur la couverture des sols et la reconquête de la biodiversité. C’est la mission que veut remplir le mouvement « pour une agriculture du vivant », lancé le 11 octobre à Paris. Grâce à la mobilisation de nombreux partenaires, de l’amont à l’aval, l’initiative ambitionne également de structurer des filières pour assurer le débouché des produits issus de ces nouveaux modes de production.
« Ce que nous voulons, c’est montrer comment faire pour changer d’échelle et ne plus être anecdotique, amorcer un changement de paradigme pour se réconcilier avec le vivant », résume, en introduction du lancement du mouvement « Pour une agriculture du vivant », son porte-parole, Arnaud Daguin, chef cuisinier « activiste ». L’initiative, présentée le 11 octobre à la Fondation Good Planet à Paris, découle de la volonté de rassemblement d’agriculteurs pionniers et d’agronomes convaincus que l’agro-écologie est la réponse à « une urgence climatique, agricole et alimentaire ».
UNE PLATEFORME POUR ÉPAULER LES AGRICULTEURS DANS LA TRANSITION
Pour permettre au mouvement – et ses idées – de prendre de l’ampleur, celui-ci s’appuie sur une plateforme « d’action et de coopération », outil central de la démarche. Ses trois missions principales seront : l’accompagnement des agriculteurs en transition vers l’agro-écologie, la création de filières grâce à la mise en relation de producteurs et d’acteurs de l’aval, et la sensibilisation de la société sur les enjeux liés à l’agriculture et à l’alimentation via des actions de communication. « Notre ambition est de faire se parler des personnes qui ne se parlent plus. Les agriculteurs n’y arriveront pas tout seul, ils ont besoin de l’aide des consommateurs, mais aussi des donneurs d’ordre pour valoriser ce modèle alimentaire, car cette transition a un coût », plaide Jean-Philippe Quérard, président de l’association « Pour une agriculture du vivant ». Le mouvement réunit ainsi de nombreux acteurs de la chaîne agro-alimentaire au sein de sa gouvernance, avec notamment Flunch, Pasquier, U, Andros, Accor Hotels, Soufflet et Les vignerons de Buzet. « Notre objectif est d’ouvrir des débouchés aux produits issus de l’agriculture du vivant », résume Vincent Lacassin, directeur des achats & supply chain chez Flunch.
UNE DÉMARCHE REPOSANT SUR DES PRATIQUES DE CONSERVATION DES SOLS
Au cœur du message du mouvement « Pour une agriculture du vivant », la nécessité de développer massivement des pratiques de conservation du sol, reposant notamment sur la couverture permanente et le non-travail de celui-ci. Pour Konrad Schreiber, chef de projet à l’Institut de l’agriculture durable, « la biodiversité est le premier outil de l’agriculture du XXIe siècle ». « La plante est la seule solution climatique efficace et rentable. La biodiversité est un outil gratuit mais pour la développer, les sols doivent être en bon état, donc couverts et non travaillés », renchérit-il.
Quant aux pesticides, dont l’usage d’appoint reste un point de blocage, ceux-ci sont voués à devenir des « outils pompiers » « inutiles quand tout va bien », martèle l’ingénieur agronome. Ceux-ci doivent permettre d’accompagner la transition vers le modèle agro-écologique, estimée à une trentaine d’années par Konrad Schreiber, le temps de « reconstruire les sols ». Enfin, les représentants du mouvement ont rappelé le rôle que ce modèle agricole pouvait jouer dans une meilleure captation du carbone par les sols, alors que la question du stockage de ce gaz est actuellement brûlante.