En 2013 – David Batteux et Géry Tupigny agriculteurs dans l’Aisne ont proposé de travailler sur la valorisation agricole sous forme de BRF, des déchets verts issus des déchetteries locales.  Ce projet porté par l’association Terre de Picardie a bénéficié d’un financement de l’ADEME et de l’Agence de l’Eau Seine Normandie.

A l’époque la commune de Guise faisait évacuer ses déchets verts à 24 km sur une plate forme de compostage et les produits étaient ré expédiés dans les exploitations agricoles de la région (Distance moyenne : 100  km)

Le projet a consisté à mettre en place des stockages à proximité des déchetteries sur des parcelles agricoles pour venir broyer les déchets verts, stocker et homogénéiser le BRF avant épandage. Considérant le volume des gisements et la dispersion des stockages, aucun broyeur n’était adapté à ce type de travail. 

Un partenariat avec un constructeur a été proposé pour un broyeur de moyenne capacité.

BRF ou Bois raméal fragmenté

Le BRF est le nom donné à un mélange non-composté de résidus de broyage de branches. Par extension, le terme «BRF» désigne la technique culturale agricole imaginée au Canada qui, par l’introduction du broyat dans la couche supérieure du sol, cherche à recréer un sol riche et aéré. Classiquement, le BRF est issu de rameaux de bois vert (branches de petites sections inférieures à 7 cm de diamètre), riches en nutriments, sucres, protéines, celluloses et lignines qui ont tous un rôle précis et spécifique dans la constitution et le maintien des sols fertiles.

Des effets inattendus :

Une parcelle coupée en 2 a permis d’observer les effets de l’apport.

Un seul apport a été réalisé avant engrais verts de 50 m3 (25 T) / ha, une féverole a été implantée ensuite pour anticiper l’éventuelle faim d’azote > Interculture de moutarde > Blé tendre > betteraves.

David a observé sur le terrain : des turricules de vers de terre plus nombreux côté BRF et des tests d’infiltration d’eau ont montré un gain de 50 % côté BRF en 2016. Des reliquats importants sont apparus (120 unités) avant blé tendre et malgré des mesures sur la culture (N tester), le blé a eu tendance à verser.

Ces informations n’étaient pas directement étudiées par l’étude qui travaillait sur :

  • Un volet agronomique et réglementaire pour vérifier l’innocuité et l’intérêt du produit pour les sols : aucun risque pour les sols à la dose de 25 T : ha, quelques problèmes de plastiques en fonction des provenances des déchets verts. Analyses concluantes
  • Un bilan carbone de l’activité complète (amont (broyage-transport) et aval (activité agricole) : gain de 50 % des émissions de GES sur le système de traitement de proximité.

Dans la bibliographie :

De plus en plus de groupes d’agriculteurs testent ces techniques. L’apport de BRF, le compostage de surface des couverts avec l’utilisation de ferments, combinés à l’arrêt du travail du sol et les cultures associées ont été réalisés depuis quelques années. Les résultats positifs de ces techniques sont connus mais elles restent peu diffusées.

Dernièrement, des expériences d’agriculteurs leaders montrent que ces techniques si elles sont combinées peuvent présenter des résultats très intéressants. Il s’agit d’apporter des matières organiques fraîches plus ou moins carbonées (couverts, BRF) et de les composter dans les premiers horizons du sol pour favoriser la vie des micro-organismes du sol et stimuler les processus biologiques et biochimiques.

Dans la biblio le BRF est une technique très intéressante :

  • Augmentation rapide du carbone dans les sols : Entre 30 % et 50 % du carbone du BRF devient de la MOS (en volume) et donc provoque une augmentation de manière significative et rapide le taux d’humus des sols (+ 1% en 10 ans vs 67 ans pour le fumier) Source : B.Noel CTA 2005
  • Lutte contre la sécheresse : Un sol qui a reçu du BRF infiltre 3 fois plus d’eau grâce à la macroporosité (après 1 an)
  • Amélioration des rendements et apports de Nutriments : Autofertilité des sols (160 unités d’N par an pour 20 T/ha de matière fraiche de BRF) et augmentation des rendements des cultures années 2 et 3 après l’apport.
  • Biostimulation : Pédofaune développée (arthropodes, acariens, lombrics), X 10 champignons

Stratégie d’utilisation recommandée du BRF :

  • Apport d’un volume important de copeaux au démarrage : 1er apport important compris entre 150 et 250 m3 / ha soit une couche d’environ 2 cm de copeaux puis apport d’entretien tous les 3 ou 4 ans de 50 à 100 m3 / ha
  • Epandage à réaliser rapidement après la coupe des branches, pouvant toutefois être stocké quelques mois
  • Période d’apport : plutôt à la fin de l’été pour éviter de tasser le sol et plutôt sur une légumineuse pour limiter les risques de faim d’azote
  • Un épandeur à fumier classique convient parfaitement pour l’épandage, l’incorporation dans les dix premiers centimètres du sol de l’amendement peut se faire avec un outil animé à axe horizontal type herse rotative
  • L’utilisation de BRF comme amendement organique est complémentaire à la pratique des Techniques Culturales Simplifiés (TCS). Les organismes qui dégradent le BRF ont en effet une respiration aérobie et ne se retrouveront donc qu’en surface du sol.
  • L’intérêt d’utiliser de jeunes rameaux s’explique par le fait que ces derniers sont plus riches en protéines, acides aminés, sucres et minéraux (azote, phosphore, potassium, calcium, magnésium…) que le bois issu de gros branchages et des troncs. La lignine est aussi plus facilement dégradable dans les jeunes rameaux.
  • Il est déconseillé de broyer des résineux pour une valorisation en BRF car la lignine contenue dans ces derniers peut inhiber certaines transformations. Un maximum de 20 % de conifères est toléré. Les essences doivent donc être en majorité des feuillus

Les nouvelles attentes des producteurs relancent l’intérêt de ces pratiques :

  • Valoriser des surfaces non productives pour produire de la biomasse sans intrants (TTCR, haies, ..)
  • Rétablir ou reconstituer le taux de matière organique des sols appauvris
  • Utiliser un amendement « naturel » pouvant être produit sur la ferme
  • Aider les cultures à lutter contre les périodes de sécheresse de plus en plus récurrentes
  • Chercher des moyens pour être autonome en fertilisation (dont en agriculture biologique)
  • Répondre à la réglementation environnementale notamment vis-à-vis de la pollution azotée

Des phénomènes incompris jusqu’à présent trouvent leur solution par d’autres approches :

  • Gestion de la faim d’azote lors de l’apport massif de BRF par l’utilisation de légumineuses la première année
  • Minéralisation importante à la suite d’un apport de BRF par la mise en place de mécanismes naturels sous-estimés (azotobacter, mécanismes liés aux champignons, glomaline, vers de terre et pédofaune)
  • Rôle prépondérant et sous-estimé des vers de terre dans la nutrition des plantes (absence de travail du sol)
  • Evolution rapide du taux de matière organique contrairement aux idées reçues
  • Diminution de certaines maladies des plantes, expliquée, entre autres, par une compétition pour les nutriments entre les micro-organismes pathogènes et les autres micro-organismes, devenus plus nombreux (augmentation de la biodiversité des sols)

Quelques ressources : D


Noël B. 2005 – Plus de carbone pour nos sol – Le BRF, un outil pour une gestion durable de l’environnement. Collection  » L’agriculture de demain », Centre des technologies agronomique – Strée, Belgique, 38 p. Description  sympa et en image du BRF

https://www.terre-net.fr/observatoire-technique-culturale/strategie-technique-culturale/article/la-suisse-veut-remunerer-l-humus-217-126655.html

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